• Peintre, musicien
  • 1906 – 1980
  • Vietnamien

Mai-Thu

Le peintre vietnamien Mai Trung Thứ (Kiến An, 10 novembre 1906- Clichy, 10 octobre 1980) est connu depuis la fin des années cinquante, grâce à ses représentations d’enfants, peintes à la gouache sur soie. Ces œuvres, largement diffusées par des reproductions ont contribué à la connaissance de la vie traditionnelle vietnamienne, aussi bien en temps de paix que dans la tourmente de la guerre du Viêt Nam. Cinéaste et photographe amateur, c’est aussi un musicien qui exprimera cette passion au travers de toutes les époques de sa peinture.

Jeunesse

Mai Trung Thu, de son nom d’artiste Mai-Thu, est né le 10 novembre 1906 dans le village de Ro-Nha, dans le district de Kiến An (près de Haïphong, au Nord Viet Nam). Il est un fils d’une grande et honorable famille tonkinoise. Son père Mai Trung Cat est un mandarin aux fonctions importantes, haut dignitaire de la Cour de Hué ; il meurt en 1945.

Après des études secondaires au Lycée Français d’Hanoï, Mai-Thu fait partie de la première promotion, de 1925 à 1930, des élèves de l’École des Beaux-Arts de cette ville.

De 1931 à 1937, il exerce comme professeur de dessin au Lycée Français de Hué et perfectionne son jeu de doc-huyen, monocorde traditionnel vietnamien, au contact des musiciens nombreux alors dans l’ancienne ville impériale.

Mai-Thu décide cependant de quitter ce pays où, de par sa naissance et son éducation, toutes les portes lui sont ouvertes. Il ne peut accepter le féodalisme hérité de l’ancien empire vietnamien (malgré les promesses de modernisation du jeune empereur Bao Dai), et refuse aussi la société figée et sans avenir que l’Indochine française propose aux jeunes vietnamiens bien nés éduqués à l’occidentale.[citation nécessaire]Il demande donc à être envoyé en France à l’occasion de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1937. Il part pour Paris avec deux de ses amis artistes, les peintres Le-Pho et Vu Cao dam.

Mai-Thu, empreint de son éducation aristocratique et d’un style instruit de classicisme à l’École des Beaux-Arts de Hanoï sous la houlette de Victor Tardieu, désire exprimer et transmettre la pureté et la douceur des formes traditionnelles vietnamiennes à un public qui jette à cette époque un œil intéressé sur l’art « exotique ». Après sa démobilisation et une période mâconnaise, il revient à Paris, quand peindre dans cette capitale était une philosophie.

Un soutien indéfectible à la paix et l’indépendance vietnamiennes

Mai-Thu a toujours voulu exprimer sa volonté de paix, tant en filmant la conférence de Fontainebleau et le président Ho Chi Minh lors de son passage en France en 1946, qu’en peignant pour l’UNICEF ou qu’en incarnant un prêtre vietnamien catholique dans le film de Léo Joannon Fort-du-fou (1963). Il abandonnera par la suite sa collaboration avec l’UNICEF, malgré la notoriété que cet organisme aurait pu lui apporter, devant les réticences de cette agence onusienne à dénoncer les dommages collatéraux causés aux enfants par les américains engagés dans la Guerre du Viêt Nam.

Quand il peint le tableau « La Prière », daté de 1963, représentant cinq enfants les mains jointes avec ferveur, c’est pour exprimer le désarroi que lui inspire le sacrifice du moine bouddhiste Thich Quang Duc, qui s’immole par le feu le 11 juin de cette année-là à Saïgon : celui-ci voulait ainsi protester contre la répression anti bouddhiste exercée par le pouvoir du président catholique Ngo Dinh Diem au Sud Viet Nam. Mai-Thu exprime aussi par ce tableau son dissentiment au régime dictatorial sud-vietnamien responsable de la guerre civile avec le Nord Viet Nam.

Son refus de travailler pour la galerie américaine Wally Findlay (contrairement à ses premiers compagnons de route, Le Pho et Vu Cao Dam), pour les mêmes prises de positions contre la guerre au Viet Nam, le prive d’une rapide mise en valeur commerciale de son œuvre. Mais Mai-Thu tient à garder toute indépendance, demeure inflexible sur ce point et reste engagé dans sa peinture : il peint le désarroi de ces mères et enfants égarés par la violence de la guerre, dans des tableaux flamboyants aux volutes de flammes et de brumes mortelles ainsi que la vie des souterrains, qui permet aux résistants vietnamiens de poursuivre leur combat.

Un musicien de cœur, pour la vie

Éclectique, il s’environne de tous procédés visuel et acoustique de l’époque. Il peint en écoutant la musique traditionnelle vietnamienne, qu’il enregistre lui-même sur les premiers magnétophones à bande. Joueur accompli de monocorde (dan doc huyen), seize cordes (dan tranh), guitare (dan nguyet) et de flûte (sao truc), il se voit malheureusement contraint par une surdité tardive, peut-être acquise suite aux traitements prolongés à la Streptomycine prodigués lors de la tuberculose contractée dans les années cinquante, à restreindre le développement de sa compétence en la matière. Mais toute sa vie et à chaque époque, il peindra des musiciennes jouant de ces instruments traditionnels vietnamiens.

Thèmes de prédilection

Toute l’œuvre de Mai-Thu est d’une composition très rigoureuse, ne laissant rien au hasard : c’est l’unité par les couleurs, les formes, les lignes et l’espace qui lui donnent sa personnalité. L’unique source bibliographique, initiée et réalisée par Jean-françois Apesteguy, une monographie réalisée en 1967, donne au critique d’art Maximilien Gautier le soin d’un éloge argumenté C’est essentiellement par ses peintures sur pongé de soie, par aplats et frottés de gouache que Mai-Thu acquiert sa notoriété, l’intensité des couleurs prenant de plus en plus de force et d’importance avec le temps. Celles-ci ne doivent pas faire oublier ses dessins et portraits, au pastel ou à la mine de plomb, ni ses grandes huiles sur toile héritées de sa formation à l’Ecole des Beaux Arts de Hanoï.

S’il s’est fait connaître dans le monde entier par ses « Enfants », largement reproduits principalement par les Editions Braun, Euros et Stehli et diffusés par l’UNICEF, ses thèmes favoris sont la femme, la famille entourant les ancêtres et prenant soin des enfants, aussi bien que les fleurs en composition ou au naturel.

À la demande de son directeur artistique, exclusif dès 1955, J.F. Apesteguy, il peint « à la manière de » l’École de Fontainebleau deux femmes se touchant le sein, de Vinci une Joconde toute asiatique, d’Ingres une odalisque. Sortant de sa discrétion et sa réserve naturelle, il produira aussi quelques nus, empreints de retenue et de chasteté.

La mise en valeur des tableaux par le cadre

Mai-Thu, très habile de ses mains, était en constante recherche d’une amélioration possible de son environnement. Ce perfectionnisme pratique le conduisait à consacrer une grande part de son attention et de son temps à la réalisation complète des encadrements de ses tableaux : il accordait un soin extrême à la confection de ses marie-louise et passe-partout ornés de motifs précieux, des baguettes qu’il patinait de plusieurs couches de feuilles d’or ou d’argent et il trouvait beaucoup de satisfaction à ce complément qu’il jugeait indispensable. Un tableau original de Mai-Thu est un tout et se conçoit donc avec son encadrement d’origine.

Source : Wikipédia

Demander une expertise

Expertise gratuit de votre oeuvre




Photos de l'oeuvre (format jpg, jpeg ou pdf)



* Champs obligatoires

Menu